Quand j’ai découvert le clavier à verres frottés, deux choses m’ont frappé : d’une part
l’expressivité donnée par la fragilité du son, qui m’a fait retenir le souffle pour mieux entendre;
d’autre part la pureté étrange du timbre. Ce son cristallin n’est pas tout à fait lumineux. Il y a
dedans quelque chose de creux, de doucement sinistre. C’est peut-être cette pureté ce qui
donne à ce son le pouvoir d’écarter partiellement la conscience des auditeurs et de les
introduire dans cet état de passivité, de dépossession, qui est l’hypnose.
Plus tard, quand j’ai fini l’écriture de cette pièce, j’ai mieux saisi une image qui m’avait
discrètement accompagné pendant mon travail : celle d’un oiseau différent aux autres, perturbé,
qui aurait oublié la direction, le sens, de son vol.
2022


