Pli repli récit ressort,
Son déplié sans raison,
Replié rempli de pluie,
Plein d’eau, mou mouillé moisi.
Lumière susurrée,
Rumeur arrondie,
Argenté tendu grinçant,
Épicé bruyant petit.
Son tordu piquant,
Murmure aplati,
Cri pointu aigu marin,
Maigre petit brin de bruit.
Texte de Violeta Cruz.
Lorsque l’on entend parler une langue que l’on ne comprend pas, on est confronté à sa dimension purement sonore. Sa cadence, son intonation raide ou chantante. Ses consonnes, gutturales, tranchantes, légères. Ses voyelles, rondes, pleines, resserrées, parfois nasales. Cette réflexion rejoint une idée de plus en plus importante dans ma musique, qu’il s’agisse de pièces instrumentales, vocales ou mixtes : celle d’une musique qui est présente dans la vie de tous les jours, d’une musique qui émerge de situations parfois triviales et qui attend une oreille attentive pour se dévoiler. John Cage, compositeur, théoricien et poète états-unien, en parlait déjà en 1948 : « Un son isolé n’est en lui-même ni musical, ni non musical. C’est simplement un son. Et, peu importe sa nature, il peut devenir musical en trouvant sa place dans un morceau de musique. » Dans ma pièce Pli, je profite de la vaste palette de sons que tout le monde – chanteurs et non chanteurs – utilise tous les jours pour communiquer et qui, dépourvus de sens, deviennent une riche matière musicale.
Pli est une pièce écrite en trois mouvements. Le premier, le plus court, sert de prologue. L’entrée du choeur d’enfants annonce le début du deuxième mouvement, caractérisé par un tempo lent et des harmonies solennelles qui deviennent de plus en plus lumineuses. Le troisième mouvement est, au contraire, très rythmé et énergique, sur un tempo rapide.
Violeta Cruz